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L'ÉOLIEN

Afin d’aborder le problème de l’éolien sur le plateau du Val de Saône, il convient d’élargir notre vision et de bien comprendre le contexte dans lequel il s’inscrit à l’échelle nationale, puis de focaliser sur le problème à l’échelle locale.

La production d'énergie en France

La production d'énergie en France

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) 2019

Commençons par la planification énergétique du gouvernement sur les périodes 2019-2023 et 2024-2028 dont voici les grandes lignes.

  • La PPE prévoit la fermeture des 4 dernières centrales au charbon en 2022 et de 16 réacteurs nucléaires de 900 mégawatts d’ici à 2035, ... dès que l'EPR de Flamanville entrera en service.

  • Elle prévoit d'ici 2035 de tripler la capacité éolienne (terrestre et marine) actuelle et de quinttupler la puissance photovoltaïque installée.

  • Le texte propose par ailleurs de limiter à 14% la consommation d'énergie par rapport à 2012 (en régression par rapport au schéma antérieur qui était de 20% !).

Pour atteindre ces objectifs fixés en matière d'éolien, l’éolien terrestre devra doubler d'ici 2023 et tripler d'ici 2028 (13,5 GW en 2017, 24,6 GW en 2023, 35 GW en 2028), l’éolien marin restant très modeste (5 GW en 2028). Le gouvernement entend privilégier l’installation de machines de plus grande puissance et accroître la puissance des machines existantes (180 m de hauteur et plus) avec environ 15.000 mâts installés en France.

Répartition de la production énergétique en France

A noter :

  • On ne peut pas compenser la production de centrales thermiques (charbon, nucléaire) simplement par de l’éolien ou du solaire en raison de l’intermittence du vent et du soleil.

  • Une centrale thermique fonctionne de façon régulière environ 80 à 85% du temps. Si on voit tourner une éolienne 80% du temps, elle suit les aléas du vent, dont la vitesse varie et sa production oscille en permanence entre 0% et 100% de sa puissance nominale (on parle aussi de puissance "installée"). Il ne faut pas confondre la puissance éolienne installée (en MW ou GW) et l'énergie réellement produite (en MWh ou GWh/an). Sur l'année, une éolienne bien ventée ne peut fournir au mieux que 25% de ce qu'elle produirait si elle fonctionnait en permanence à plein régime.

  • Sur le papier, il faudrait 3 500 éoliennes de 3 MW pour remplacer une centrale nucléaire de 2 tranches de 1 400 MW. Sur le papier seulement, car à la différence d'une centrale nucléaire qui produit de l’électricité "en base", les éoliennes ne produisent pas forcément leur électricité au moment où on en a besoin. 

  • Éolien et solaire doivent donc pouvoir être compensés en l’absence de vent ou de soleil. Pour cela deux solutions : soit disposer de moyens thermiques qui prennent le relai (centrales à gaz, pétrole ou charbon…), soit pouvoir stocker en période de surproduction et restituer en période creuse. Seul l’hydraulique le permet à une échelle significative, mais limitée par le volume des barrages.

  • L’éolien marin, plus régulier devrait être privilégié, mais il est en retard en France par rapport à d’autres pays européens (Allemagne, Danemark…). Les contrats de rachat négociés en Allemagne le sont aujourd'hui à 50€/MWh. Les français le paieront plus de 150€. 

 

Enfin, pour accélérer le développement de l'éolien, le gouvernement tente aujourd’hui de simplifier les procédures administratives. Afin de limiter les recours des associations de défense, les décrets LECORNU et RUGY de décembre 2018 ont rendu difficile et coûteux l'accès aux tribunaux en supprimant la première instance.

Ceci est un déni de démocratie !

Ces associations sont actuellement au nombre de 1300. Il s'en crée une par projet.

La libéralisation du marché de l’électricité

Jusqu’en 2002, c’est l’État, donc la nation via son opérateur institutionnel EDF, qui prenait en charge la production, la distribution et la vente de l’électricité depuis la fin de la guerre. C’est EDF qui assurait la construction, le fonctionnement des centrales thermiques (charbon, gaz, nucléaire…) et des barrages hydrauliques et qui se chargeait de la distribution via son réseau électrique et de la vente aux clients (individus et industriels).

Tout change en 2002 à Barcelone où le gouvernement accepte d’appliquer les directives européennes en libéralisant le marché de l’électricité, c’est à dire en imposant à EDF de céder, en plusieurs étapes, une part de ses activités au privé. Cette tendance n’est pas nouvelle dans notre économie et s’accentue comme on peut le voir avec le marché des autoroutes, de l’eau, des télécommunications, de la poste, de la santé et maintenant des chemins de fer, des aéroports, des barrages…

Le motif avancé est que le passage au privé doit permettre une rationalisation du marché et faire baisser les coûts de production.

Mais l’expérience montre que ce n’est pas toujours le cas. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder l’évolution du prix des autoroutes ou de l’eau distribuée par les sociétés privées qui ne cesse d’augmenter au bénéfice de ces nouveaux opérateurs.

Aujourd’hui, l’opérateur public est en concurrence avec une multitude d’opérateurs privés (47 fournisseurs d’électricité en France en 2018).

 

Quels sont les effets de l’ouverture des marchés au secteur privé ?

En fait, il est très simple, mais jamais avoué : en autorisant l’ouverture du marché aux secteurs privés, on ouvre à ces derniers des marchés énormes qui vont permettre aux investisseurs de réaliser des profits considérables sans risque, car réalisés sur des activités largement subventionnées par l’État et financées par les abonnés contraints d’honorer leurs factures !

L'éolien en France : comment ça marche ? 

L'éolien en France : comment ça marche ?

Le marché de l’éolien n’échappe pas à cette logique. Comment cela fonctionne-t-il ?

Chaque année, l’État lance des appels d’offres pour la réalisation de parcs éoliens pour une puissance globale donnée.

La PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie) fixe le calendrier de ces appels d’offres prévus pour les futures capacités hydroélectriques, éoliennes, photovoltaïques.

Les appels d’offres vont se succéder au rythme moyen de 7 par an entre le premier trimestre de 2019 et les derniers jours de 2025.

Chaque appel d'offres correspondra à une puissance éolienne installée de l'ordre de 500 MW.

Les producteurs répondront à ces appels d'offres en proposant :

1- un lot de parcs éoliens à construire, pour une puissance cumulée de xxx MW

2- un prix de vente du courant éolien pour ces parcs.

Si l'offre est retenue, chacun des parcs du lot bénéficie pendant 20 ans d'une obligation d'achat par EDF au prix de l'offre.

En cas d’excès de l’offre sur la demande, l’État retient les moins disants. L'appel d'offre est alors limité à 20% de l'offre.

Le prix d’achat de l'éolien par EDF étant très supérieur au prix du marché qui est environ le double du prix à la bourse européenne de l'électricité (prix "spot").

EDF se rembourse partiellement du manque à gagner par le biais d'une taxe, la CSPE (Contribution au Service Public de l’Électricité) qui s'applique aux kilowattheures qui vous sont facturés. La CSPE a arrêté de suivre l'augmentation du manque à gagner d'EDF en 2017. Le gouvernement l'a plafonné et a décidé de reporter la charge sur les carburants. Ainsi, lorsque vous faites le plein, vous financez indirectement et sans le savoir l'éolien ... et d'autres renouvelables (solaire, biogaz).

 

Pour les curieux :

La CSPE se situe aux environs de 16%. Vous la trouverez au dos de votre facture (cette taxe sert aussi à financer d'autres charges ou services : retraite des agents EDF, péréquation tarifaire dans les DOM-TOM, manque à gagner sur le rachat d'autres renouvelables : solaire, biogaz).

Regardons le montant que chacun paye !

Sur le schéma ci-dessous, on voit que la CSPE compensera le manque à gagner d’EDF sur l’éolien pour 1,7 milliard (19% de 9 135,4 M€). Le reste sera ponctionné sur la taxe sur les carburants.

 

 

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Évolution de la CSPE avec la montée en puissance des énergies renouvelables

L'éolien, marché spéculatif

 

Le mécanisme d'achat à prix garanti procure aux producteurs d’électricité éolienne la certitude de disposer d'un réseau prévisible, fixé par eux, et sur une longue période, et cela quel que soit le prix du marché.

Gageons que les agriculteurs voudraient bénéficier de pareille largesse pour leurs produits agricoles en cas d’excédents !

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